... Je vais tenter de répondre à cette épineuse question.
En général, notre interlocuteur nous la pose pour deux raisons différentes, voire contradictoires : montrer son intérêt d'abord, puis, moins glorieusement, meubler la conversation avec une inconnue (en l'occurrence, vous).
Il se penche sur votre cas et montre que vous l'intéressez. Certes, il espère secrètement que vous allez répondre un truc formidable comme : réalisatrice de documentaire, journaliste à rue89, ou contrôleuse à la RATP... Pour rebondir ensuite, avec d'autres questions, encore plus fascinantes.
Commencez par lui balancer d'un air négligé votre code Rome ("depuis septembre, chuis A1402 en CDD") et feignez de ne pas remarquer tout de suite sa surprise. "Ah pardon, tu vois pas? En gros, ça veut dire meunière". Tout aussi facétieux, murmurez sur le ton de la confidence : "je suis chatouilleuse dans les trains fantômes".
A l'inverse, mettez les opinions politiques de votre interlocuteur à l'épreuve : "Je suis chômeuse et j'adore ça". Quoique. Ca risque d'ouvrir la porte à une conversation désagréable, où les phrases "ça coûte rien de", "à ta place personnellement moi je", et "sinon, une bonne reconversion hahaha" risquent d'être prononcées un peu trop souvent.
A l'inverse, mettez les opinions politiques de votre interlocuteur à l'épreuve : "Je suis chômeuse et j'adore ça". Quoique. Ca risque d'ouvrir la porte à une conversation désagréable, où les phrases "ça coûte rien de", "à ta place personnellement moi je", et "sinon, une bonne reconversion hahaha" risquent d'être prononcées un peu trop souvent.
BREF:
Pour ma part, je suis bien en peine. Et à chaque remaniement de CV, se pose le dilemme du :
- je le colle sur une ou deux pages?
- photo ou pas photo?
- couleur ou noir et blanc?
- je pipote sur mes 6 mois d'absence?
Tout ça part d'un bon fond, je le sais bien : on s'inquiète gentiment de mon sort professionnel. Souvent, pour couper court, je réponds un truc bien général, mais alors on cherche à en savoir plus (les gens sont curieux) (pas seulement les nanas) (moi aussi j'étais surprise). Alors commence le déballage fastidieux des multiples emplois que j'ai exercé.
(Notamment mon expérience de bucheronne au Québec, dont je ne parle qu'avec réticence. Ce séquoia était majestueux et ne m'avait rien fait, j'aurais du refuser.)
Bref, dans ce monde rempli de petites cases à cocher, il semble que la case "multitâches" n'existe jamais nulle part, alors que c'est la seule qui me décrive vraiment.
Si donc comme moi vous cherchez avant tout à rester digne devant autrui, il ne vous reste plus qu'à détourner habillement la conversation.
Avec une femme:
- En ce moment je suis amoureuse à plein temps.
(Vous récupérez immédiatement l'avantage).
Avec le bon reulou de base:
- En ce moment, j'élève deux charmants petits gaulois.
(Vous pouvez également vous en servir si c'est vrai) (ou si votre mari est belge).
- En ce moment, j'élève deux charmants petits gaulois.
(Vous pouvez également vous en servir si c'est vrai) (ou si votre mari est belge).
(Humphrey Bogart n'était pas belge. En tout cas pas de naissance.)
Ou bien tentez carrément un bel uppercut dans les dents:
- J'attends un appel de Tarantino, ça m'énerve il est toujours à la bourre (sans préciser que Tarantino est aussi le nom de votre boucher) (qui vous avait promis pour 18 heures un lot d'andouillettes farcies, et tarde).
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